(3° Bureau.) Circulaire à MM. les Maires, pour inviter les Conseils municipaux à améliorer le sort des instituteurs primaires.
J'apprends avec une vive satisfaction que l'instruction primaire s'améliore chaque année dans les communes rurales du département de la Meurthe. Des maisons d'école s'élèvent, le zèle des instituteurs se soutient, les parents les secondent et la population des écoles va croissant presque partout. Déjà, dans un grand nombre de communes, ces écoles ne sont plus fréquentées seulement pendant quelques mois d'hiver; l'été même a ses classes, et ce que les enfants ont appris n'est pas oublié dans la belle saison, où leur vagabondage avait autrefois des résultats si déplorables.
J'espère que les progrès continueront, que l'effet observé dans les communes où ils ont eu lieu engagera les autres à les imiter.
Toutefois, il est nécessaire que l'instituteur qui se dévoue à l'instruction trouve dans le traitement dont il jouit le moyen de rendre supportable son existence actuelle, quelque sécurité pour son avenir et celui de sa famille.
Nancy, le 20 janvier 1840.
MESSIEURS,
J'apprends avec une vive satisfaction que
l'instruction primaire s'améliore chaque année dans les communes rurales du
département de la Meurthe. Des maisons d'école s'élèvent, le zèle des
instituteurs se soutient, les parents les secondent et la population des écoles
va croissant presque partout. Déjà, dans un grand nombre de communes, ces écoles
ne sont plus fréquentées seulement pendant quelques mois d'hiver; l'été même
a ses classes, et ce que les enfants ont appris n'est pas oublié dans la
belle saison, où leur vagabondage avait autrefois des résultats si déplorables.
J'espère que les progrès continueront, que l'effet
observé dans les communes où ils ont eu lieu engagera les autres à les
imiter.
Toutefois, il est nécessaire que l'instituteur qui
se dévoue à l'instruction trouve dans le traitement dont il jouit le moyen
de rendre supportable son existence actuelle, quelque sécurité pour son
avenir et celui de sa famille.
J'ai vu avec peine que dans plusieurs communes, loin
d'entrer dans l'esprit de la loi , on cherchait à en paralyser l'action en
diminuant , autant que possible, le traitement de l'instituteur; je réclame
plus de générosité, car cette générosité n'est que justice.
Le traitement fixe assuré par la loi, plus ou moins
élevé par commune, est le prix des leçons données par l'instituteur. Il
faut bien se rappeler qu'il ne l'oblige à rien de plus. Ainsi, dans le cas où
il remplit en outre les fonctions de secrétaire de la Mairie, de chantre, de
sacristain, etc., ce ne peut être que moyennant un prix convenu qui doit être
ajouté à son traitement principal. Sans cette addition, il peut, il doit
refuser de remplir ces fonctions étrangères à ses devoirs d'instituteur.
Quelquefois les communes souffrent, exigent même que
l'instituteur fournisse le bois nécessaire pour chauffer l'école. C'est un
abus qu'il faut faire cesser. La loi exige que le local destiné à l'école
soit convenable; et le Ministre, consulté sur la question de chauffage, a décidé
que ce local, pour être convenable, doit être chauffé aux frais de la
commune.
Quant à la partie variable du traitement des
instituteurs, qui se forme de la rétribution mensuelle, la loi a voulu qu'elle
augmentât suffisamment ce traitement. J'apprends cependant que dans un trop
grand nombre de communes les Conseils municipaux ont abaissé à un taux presque
nul la quotité de cette rétribution. C'est éluder la loi , c'est enlever à
l'instituteur ce qui lui est légitimement dû, c'est s'exposer à perdre
beaucoup plus ou par le découragement ou par le départ d'un bon maître, qu'on
n'aurait dépensé par quelques centimes en sus que chaque père de famille lui
aurait portés pour sa rétribution.
Un autre abus des plus graves est signalé : quelques
Conseils, en fixant le nombre des indigents dispensés de payer la rétribution,
étendent ce nombre bien au-delà de la vérité. Il me suffit d'avoir cité
un tel fait pour qu'il ne se présente plus. Tous sentiront que c'est là mentir
à la loi, à sa conscience; ni les Conseils, ni les parents ne voudront à
l'avenir se rendre coupables ou complices de ce mensonge pour enlever au maître
qui les représente près de leurs enfants, qui leur apprend à être bons fils,
bons citoyens, un salaire qui lui appartient et qu'ils devraient au contraire
chercher à augmenter.
Un grand nombre d'écoles d'adultes ont été établies,
grâce au zèle des instituteurs, secondés souvent par des hommes de bien , par
des ecclésiastiques honorables. C'est un grand bienfait pour les jeunes gens
qui, dans des temps où l'instruction primaire était négligée, ont échappé
aux écoles et n'ont pu acquérir les connaissances maintenant si répandues.
Mais on doit sentir que ce surcroît de travail ne peut être imposé
gratuitement au maître, et qu'il serait plus injuste encore de souffrir qu'il
leur devint dispendieux. Il est donc convenable qu'un traitement supplémentaire
lui soit alloué pour cet objet: il est nécessaire que les frais d'éclairage,
de chauffage, de livres, papiers, mobilier lui soient remboursés.
Si des sommes doivent être votées pour les différentes
améliorations que j'ai signalées, les Conseils municipaux se hâteront de le
faire; ils me trouveront toujours prêt à les seconder; car ces dépenses
faites pour l'instruction, l'éducation de la jeunesse, contribueront à la
rendre meilleure, plus laborieuse, plus rangée, et tous les gens sages
sentiront que dépenser ainsi c'est faire la meilleure, la plus lucrative des économies.
Recevez, Messieurs, l'assurance de ma considération
distinguée.
Le Préfet de la Meurthe , L. ARNAULT.
Document mis à jour le 01-01-2004